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Demain, le campus collaboratif pour réinventer les services étudiants

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Les jeunes sont ceux qui aujourd’hui pratiquent en plus grand nombre la consommation collaborative. Paradoxalement la jeunesse rencontre aujourd’hui d’importants défis : mobilité, logement, précarité, emploi… Est-il possible de s’appuyer sur les pratiques collaboratives pour expérimenter de nouveaux formats d’action non seulement vers mais aussi avec ce public ?

Des pratiques collaboratives de longue date, qui se développent

 

Les pratiques de débrouille de développent chez les jeunes. La colocation est par exemple une pratique de partage de longue date, qui concernerait entre 23% et 47% des étudiants, selon leur année d’étude. Si elle répond à des contraintes financières, elle est loin d’être subie et loin d’être réservée aux étudiants. Pour beaucoup, elle répond également à une forte recherche de sociabilités. En augmentation, la colocation est désormais un mode d’habitat reconnu des acteurs de la jeunesse. Les projets actuels de résidences universitaires, qui prévoient désormais des logements pour les colocations, s’engagent également dans cette voie. Des initiatives d’habitat intergénérationnel (pour l’instant relativement peu nombreuses) ont également vu le jour.

Le covoiturage connaît également un fort succès chez les jeunes, qui y ont avant tout recours pour des raisons économiques, très souvent en tant que passagers. Au-delà des grandes plateformes qui touchent un public bien plus large, certaines initiatives leur sont plus spécifiquement destinées, comme Covoit’de Boîte, plateforme de covoiturage… pour aller en boîte de nuit. En zone urbaine, les moins de 25 ans favorisent également le recours à l’usage plutôt qu’à la possession en pratiquant fortement le vélopartage. Les jeunes sont souvent dans une démarche pragmatique, lorsqu’ils se tournent vers ces pratiques collaboratives : consommer, se déplacer, habiter moins cher. Les enjeux environnementaux, de responsabilité sociale ne sont pas prioritaires, et la débrouille prévaut souvent, quand il s’agit d’acheter, de louer, de glâner des biens de consommation.

Bien sûr, les jeunes n’envisagent pas le collaboratif que dans un rapport à la consommation. Les associations de vie étudiante, les projets étudiants à vocation culturelle, sociale, environnementale prouvent bien qu’ils ne manquent pas de conscience environnementale ou sociétale. Les mouvements de revendication qui ont émergé ces dernières années, de façon décentralisée, en réseau et quasi-spontanée, comme les Indignés ou Occupy, ont été en grande partie portés par des jeunes (étudiants ou non) connectés et utilisant très fortement les réseaux sociaux. Quant aux difficultés d’accès au marché de l’emploi, les jeunes diplômés se tournent de plus en plus vers de nouvelles formes de travail et d’organisation, qui peuvent s’appuyer sur des pratiques collaboratives, comme les espaces de co-working, espaces de fabrication numérique (Fab Labs etc.), ou cherchent à s’investir dans de multiples collectifs cherchant à réinventer les formes de travail au 21e siècle, à l’image de OuiShare.

 

Campus Clermont

Campus Clermont

 

La stimulation et l’accompagnement  des initiatives collaboratives étudiantes

 

Peut-on imaginer que les politiques à destination des jeunes s’appuient sur ces pratiques et sur des services collaboratifs ? Et si oui, comment ? Une première piste pourrait être de favoriser l’engagement dans des projets collaboratifs, à travers des cursus spécifiques : des cursus réinventés en profondeur, visant à favoriser l’émergence de propositions et de solutions nouvelles aux défis quotidiens de la vie étudiante ; des cursus pédagogiques qui amèneraient les étudiants à sortir davantage des institutions scolaires, en les amenant “sur le terrain”, en les incitant à travailler sur des projets collaboratifs concrets : initiatives de récupération et de redistribution alimentaire, projets de café coopératifs et mise en place de plateformes locales.

Ces cursus pourraient non seulement permettre la transmission d’une culture collaborative, du “faire”, de l’engagement, mais aussi faciliter le passage dans le monde professionnel après les études, dans une optique d’insertion professionnelle et sociale. Imaginons des “résidences” étudiantes au sein de projets collaboratifs, d’associations, qui pourraient permettre l’acquisition de compétences difficiles à obtenir via la formation académique traditionnelle, mais aussi l’apprentissage d’un travail dans un environnement en mouvement, avec des sphères collectives.

 

Réinventer et enrichir les services de la jeunesse

 

Alors que l’insertion des jeunes reste aujourd’hui difficile, il existe des sites de consommation collaborative proposant de partager des compétences, de donner des cours (Skilio par exemple), de rendre des services… D’autres pistes pourraient être imaginées dans cette voie, à l’image de ce que fait l’espace de co-working de La Cordée à Lyon, qui a instauré des initiatives d’accueil des étudiants pour leur faire découvrir le monde professionnel : du parrainage P2P, des initiatives intergénérationnelles autour de l’échange de compétences s’appuyant sur des tiers-lieux…

Le partage d’espace, de logements, d’équipements ouvre également des perspectives intéressantes. Les jeunes ont déjà recours à un certain nombre d’équipements partagés, ce qui leur permet non seulement de ne pas s’encombrer mais aussi de limiter leurs dépenses : certains services de consommation collaborative, du type La Machine Du Voisin, permettant de partager ces équipements partagés. Le logement des jeunes est aujourd’hui un domaine d’expérimentation : logement modulaire (à l’image de la résidence A Docks au Havre, aménagée dans des conteneurs, qui a donné lieu à un certain nombre de débats), logement courte durée… Le projet des KAPS, colocations à projets solidaires, expérimente un fonctionnement innovant : à chaque colocation de la résidence correspond un projet solidaire, à mener dans le quartier.

Les Ressourceries, qui récupèrent des biens d’occasion pour leur donner une seconde vie (éventuellement en en réinventant l’usage) et les revendre à bas prix, sont aujourd’hui ouvertes à tous, mais certaines sont crées spécifiquement sur des campus, ou des territoires fortement étudiants. A l’image d’Etu’Recup, créée en 2014 sur un campus de Bordeaux qui vise à répondre aux contraintes financières des étudiants, tout en se proposant de re-créer un lieu de vie sur un campus qui en est dénué, via des ateliers participatifs. D’autres initiatives pourraient être envisagées, plus légères, mobiles, itinérantes, comme la Ressourcerie de l’Ile à Nantes, ou certains Repair Cafés (visant à réparer ensemble tout objet) mobiles, qui se déplacent au sein de quartiers, de campus, etc.

 

Demain, le campus collaboratif

 

Le campus universitaire apparaît comme un bon cadre expérimental : territoire de la vie étudiante, plus ou moins ouvert sur le reste du territoire, souvent doté d’une “dimension numérique” (ENT, existence de comptes et d’identifiants) autour duquel gravite de nombreux acteurs, il permet de s’appuyer sur la “densité” étudiante pour faire émerger de nouvelles propositions. A l’heure de la réflexion sur les campus de demain, qui laisse présager d’un lien renforcé entre ville et campus, expérimenter sur un tel territoire est également l’occasion de réinventer certaines politiques urbaines.

 

Campus Delaware collaboratif

 

Ce campus collaboratif se fixerait 3 objectifs 

 

  • Faire émerger de nouveaux services, lieux, projets, répondant aux besoins (économiques, sociaux,…) des jeunes et plus spécifiquement des étudiants ;
  • Démontrer la pertinence pour les acteurs agissant vers les jeunes de se réinventer à l’ère collaborative ;
  • Développer de nouveaux modes de contribution, de collaboration et d’engagement dans des projets collaboratifs pour les étudiant.

 

Comment y aller pour les acteurs du sujet ?

 

Etablir un diagnostic sur le territoire ciblé : des pratiques, des besoins, des services existants, des acteurs et initiatives étudiantes,… On pourra notamment s’appuyer sur les Observatoires locaux de la vie étudiante locaux. Engager un petit groupe de travail pilote, rassemblant des instances déjà existantes, des acteurs territoriaux, des représentants de la vie étudiante, pour identifier les sujets sur lesquels le collaboratif est le plus à même d’apporter des réponses. Lancer un “Défi Camp”, public, destiné aux étudiants et aux acteurs du campus, sur la base du travail préparatoire.

L’expérimentation devra réunir acteurs publics, acteurs de la vie étudiante, acteurs du paysage urbain et industriels. Elle aura vraiment réussi si elle parvient a fournir de véritables réponses aux enjeux financiers / de contrainte budgétaire des étudiants, à faire émerger des solutions P2P là où des réponses du marché sont hors d’atteinte ; si les solutions qui émergent dessinent un campus : moins cher, plus inclusif, plus valorisant (les étudiants travaillant sur l’amélioration de leur propre cadre collectif), ouvert à l’innovation sociale (par exemple, repérer la capacité excédentaire du logement et favoriser l’intergénérationnel, améliorer la nourriture,…). Mais elle pourra aussi et surtout se targuer de cette réussite si les acteurs du territoire dans toute leur diversité (services des campus, métropole…) ont accepté de jouer le jeu pour la pérenniser par la suite.

 

Depuis février 2014, la FingOuishare et leurs partenaires ont mené ensemble un projet de R&D collaborative autour de la consommation collaborative, baptisé Sharevolution, dans le but de produire de nouvelles pistes de connaissances, de réflexions et d’innovation. Cette piste est une proposition d’expérimentation concrète qui s’intéresse exclusivement aux jeunes et imagine comment la consommation collaborative pourrait transformer les campus de demain.

Cet article a initialement été publié sur InternetActu – (http://www.internetactu.net/2015/05/04/demain-le-campus-collaboratif-reinventer-les-politiques-et-services-etudiants-a-lheure-de-la-consommation-collaborative/ )


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